La pollution informative

Par yansanmo

2009-07-10 14:57:45

Petit essai sur le sujet: l'ère de l'information remâchée - la pollution informative

Les débuts

Avant l'Internet, la connaissance se trouvait dans les livres et dans le savoir-faire des professionnels. L'accès aux livres étaient restreints par l'éditeur et l'auteur du livre. L'éditeur et l'auteur du livre contrôlaient le contenu, le coût, la quantité et sa distribution. L'accès à de l'information utile était restreint par l'accès au livre mais aussi à la recherche de l'information dans ce livre. Par le choix de l'auteur du livre, il était possible de trouver presque immédiatement une information tandis que certaine autre était impossible à trouver rapidement. Si une information était très importante aux yeux de l'auteur, on ajoutait un index au début où à la fin ou on triait l'information dans un ordre logique. Ainsi, les bottins téléphoniques sont triés par Nom de famille, Prénom, les dictionnaires par lettres, les livres d'apprentissage par complexité de la matière enseignée. Les moyens de reproduction des livres n'étaient pas très courant (on ne voyait pas des photocopieuses à tous les coins de rues) et les copies intégrales étaient rarement un problème pour les éditeurs. L'éditeur et l'auteur contrôlaient l'accès aux livres et à l'information. L'information appartenait à l'éditeur et était temporairement "prêtée" au lecteur. Bien attendu le lecteur pouvait se rappeler de certains détails, mais il ne pouvait pas se l'approprier facilement pour le diffuser. On peut trouver un numéro de téléphone, l'écrire sur tous nos carnets d'adresse, l'utiliser toute sa vie mais c'est un numéro de téléphone parmi 10000 ou 100000, 1 millions de numéros. On peut dire qu'on connaît le numéro de téléphone de son ami, mais pas tous les numéros de téléphones du bottin. Même si on possède le bottin, jamais on ne le connaît par coeur, on ne possède pas l'ensemble des informations, on possède que quelques informations à la fois. Seul l'éditeur possède l'ensemble des informations. Le bottin est un exemple de livres largement distribué mais où l'information n'est jamais possédé dans son ensemble. Certain autres livres, plus spécialisés, ne sont pas distribués largement, parfois à une centaine ou millier de personnes. Souvent ces personnes sont reliés entre elles par une association. Ainsi, les textes de loi sont généralement lus que par les avocats, les juges et les députés. Les textes de loi appartiennent à l'éditeur officiel de l'état. C'est lui qui les modifient, les distribuent, les restreint. Même si l'information que les textes de loi contient est utile et doit être connue à toute la population, la population n'y a pas accès facilement. Le texte de loi n'est pas distribué comme un bottin téléphonique ou des circulaires de magasins. Généralement, la population n'a accès qu'à un bref résumé, communiqué par ceux qui ont accès à ces textes.

Les livres contiennent des connaissances, mais elles proviennent d'un auteur. Les auteurs, les professionnels possèdent la connaissance. Lorsque le livre est écrit par une multitude d'auteurs, le livre peut en savoir plus sur un sujet que chaque auteur pris individuellement. Même l'auteur du bottin ne connaît pas tous les numéros par coeur. Cependant, il s'agit du contraire et l'auteur en sait parfois plus que ce qu'il veut exprimer dans le livre. Dans ce cas, il veut parfois garder des secrets pour exercer un certain pouvoir sur ce qu'il sait. Un consultant se fait payer pour ce qu'il sait et ce qu'il est capable de faire avec ce qu'il sait. S'il diffuse ses connaissances à tout le monde, souvent il pense qu'il risque être moins important, être moins payé. En cachant ce qu'il sait, il ajoute la rareté à sa connaissance, et fait monter les prix. Les professeurs et les écoles font parfois le même jeu. Il diffuse leur savoir à un nombre restreint d'étudiants en gardant bien soin de ne pas diffuser leur savoir à tous. Même s'il partage leur connaissance à 100 étudiants par année pendant des années, les professeurs savent très bien que les étudiants ne vont que retenir une partie infime de ce qu'ils ont appris. On n'a qu'à essayer de refaire 10 ans plus tard tous les examens qu'on a fait sur les bancs d'écoles et essayer d'avoir la même note. Bien attendu, on va avoir une note presque parfaite pour un examen simple d'additions, mais on a pratiqué l'addition la durée complète de la formation et on le pratique durant notre vie de tous les jours pour des usages courants. Cependant, les connaissances plus spécifiques vont être très difficile à se souvenir et c'est exactement ces connaissances qui font l'avantage des professeurs.

La situation actuelle

Avec Internet et les ordinateurs, certaines connaissances sont sorties des livres et ont été publiées sur Internet et copier sur les ordinateurs. La facilité de copie, réservée jusque là aux éditeurs, a été remise aussi au consommateur. Si l'information est intéressante et que l'on veut la garder, il suffit de l'enregistrer, et de la copier sur différents médias. On peut même envoyer l'intégral à la personne de notre choix par courriel et pire encore, on peut faire une copie parfaite et la placer à un endroit où tous peuvent y avoir accès. Le consommateur est devenu l'éditeur et le distributeur. Bien attendu les anciens éditeurs et les auteurs veulent maintenir leur emprise sur ces connaissances et la diffusion et il s'ensuit une crise. Toutefois, c'est généralement l'éditeur d'origine qui publie ses données le premier sur Internet ou dans un format pour ordinateur. Si les fichiers audio n'avaient pas été aussi facilement copiables sur un disque dur, est-ce qu'on aurait vu beaucoup de fichiers audios provenant de cassettes ou de disques vinyles sur Internet? Est-ce un hasard qu'il a fallu que l'industrie du film introduisent le DVD pour qu'on retrouve le plus de copie de vidéo sur Internet? (Bien attendu il y a la bande passante qui a augmenté en même temps.) Connaissez-vous bien des gens qui enregistraient des cassettes VHS sur leur ordinateur? C'est le distributeur et le fabricant d'ordinateur qui amorcent cette crise. Avez-vous souvent lu des livres sur Internet, ré-écrits par un consommateur? La copie de livre sera un gros problème seulement lorsque l'éditeur offrira un moyen efficace de le lire sur un ordinateur. (Les e-books ne sont pas assez populaires encore pour cette crise mais peut-être que Google Books amorcera cette crise). Bien attendu, il y a toujours des exceptions, et il y a en effet des gens qui copie des cassettes VHS, des vieux disques vinyles et des livres intégralement, mais il s'agit d'une minorité qui bien souvent le fond parce que l'éditeur ne l'a pas encore fait et que le contenu risque de mourir si rien n'est fait.

Problèmes et transformation

Après avoir vu une explosion de la copie de contenu original et simple à copier sur Internet, on peut maintenant voir un appauvrissement de la pertinence du contenu. Lorsque tout ce qui était simple à copier a été copié, beaucoup ont commencé à copier les copies. L'information unique et utile s'est multipliée et est devenu information redondante et polluante. On peut voir le même phénomène de pollution sur Internet. Il est causé par la même auteur, l'humain, et le même vice, la paresse, et la même habitude, l'imitation. Grâce à d'excellente visions de gestionnaire de site, certaines sources de données ont connues un essor phénoménale et ont limité les dégâts de cette pollution. Par exemple, IMDB a réussi à avoir un rayonnement assez important pour qu'il n'y ait pas 10-30 sites importants et incomplets sur les films. Lorsqu'on recherche si un acteur a joué dans un film, on va sur IMDB et on a presque toujours la réponse. Bien attendu, il y a des petits sites sur les films, mais les données les plus fiables sur les films se retrouve sur IMDB. Personnellement, je ne connais pas de site comparable avec IMDB pour les chansons (paroles, disques, discographie, participation, musicien). Pour la musique, on a vu des sites commerciaux, des sites publicitaires, des sites personnels et une multitude de sites de chansons limités à une région ou à certains artistes.

Un autre phénomène que j'ai pu constaté est l'évolution des besoins en information de la population. Ce qui est rendu simple aujourd'hui n'est plus problématique. Il demeure toutefois qu'on a toujours autant de problèmes à trouver de l'information utile sur Internet. On ne recherche plus la même information qu'il y a 15 ans. Par exemple, avec les bottins téléphoniques papiers, il est simple de trouver le numéro de téléphone en connaissant le nom de la personne. La tâche de trouver ce numéro était simplifié par l'auteur. La quête du numéro de téléphone était simple. Une tâche fastidieuse était de trouver le nom d'une personne avec son adresse ou son numéro de téléphone. Parcourir le bottin au complet, et comparer numéro par numéro était très très long. L'éditeur aurait pourtant pu imprimer un bottin trier par numéro de téléphone, il possédait toute l'information. L'information était donc limité par l'éditeur. La majorité des gens n'essayait même pas de résoudre ce genre de problème. Cependant, lorsque les bottins téléphoniques ont apparu sur Internet, la possibilité de rechercher par nom de famille, par adresse, par numéro de téléphone a été offerte immédiatement, sans coût additionnel. Maintenant, un numéro de téléphone (non cellulaire) permet d'identifier le nom de la personne en quelques secondes. Avec une résolution de ce problème rapide et simple, on peut maintenant ce poser ce genre de question "À qui appartient le numéro 123-456-7890?" et la résoudre en quelques instants. Aujourd'hui, puisque cette recherche est simple, les gens se posent d'autres questions et là, l'Internet ne peut pas y répondre à moins d'effectuer un travail long et ardu. En faisant évoluer les possibilités de recherche d'information, la complexité des questions a aussi évoluée.

Maintenant, la complexité des questions ont évoluées et ont se retrouve avec des problèmes aussi difficiles à résoudre qu'avant Internet. La difficulté de résoudre un problème sera causée soit par le manque de données, soit par la pollution des données déjà existantes où soit par des outils de recherches non adaptés. Pour tous développements d'outil facilitant la recherche, la complexité des questions et l'exigence des usagers ne feront qu'augmenter. Il sera donc important pour chacun d'innover et d'ajouter le plus de connaissances qui ne sont pas déjà sur Internet si on veut que l'Internet reste aussi utile qu'avant. En plus d'ajouter des connaissances, il sera important de libérer ces connaissances pour permettre à chacun d'en créer de nouvelles. Beaucoup d'outils ou de sites sont disparus avec le temps parce qu'ils n'étaient pas librement accessible.


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