L'histoire de l'appartement 17

Par yansanmo

2010-04-13 23:04:01

J'ai peu dormi la nuit de dimanche à lundi. Je me suis réveillé vers 3h30. Impossible de dormir. J'ai commencé à travailler sur mes projets. Quelques problèmes avec mon router. Mise à jour de mes logiciels. Reporter la date limite de mon livre emprunté à la bibliothèque. Ensuite, j'ai programmé pour un client. Il était environ 10h00. L'associé de mon propriétaire cogne à ma porte.

Il m'apporte une mauvaise nouvelle, une très mauvaise nouvelle. Celle qui change tes plans, qui peut changer ta vie. Une nouvelle digne d'Arthur Dent. Le propriétaire du logement vient de recevoir une lettre d'un avocat de la ville signifiant que mon logement est "illégal" et qu'il doit m'expulser. Mon propriétaire avait envoyé un plan qui concerne 16 logements à la ville. Il y a en présentement 19. J'habite l'appartement numéro 17. Il doit déjà payé une amende. Il m'explique qu'il doit libéré le logement pour le 28 avril et qu'il fera une demande qui sera jugé au conseil de ville le 10 mai. Selon lui, je dois donc quitter mon appartement pour deux semaines, sinon son dossier ne sera pas traité. Ensuite, je pourrai le réintégrer. Puisque le logement du haut est libre, il me propose de me déménager en haut et de me dédommager pour le loyer. Or, j'ai un accès Internet Vidéotron Affaires à mon logement. Vidéotron a pris 2 semaines pour me connecter. Ensuite, j'ai eu des problèmes avec Hydro-Québec, il ne facturait pas le bon compteur. Ça me tente pas de revivre tout ça. Surtout pour 2 semaines. En plus de me souvenir de ces mauvais souvenirs, je me souviens qu'un inspecteur de la ville était déjà venu visiter mon appartement et l'avait jugé tout à fait sécuritaire. Ça fait 13 mois que je suis ici. Personne ne m'a averti et ce n'est pourtant pas un immeuble caché dans le fin fond des bois. Il se retrouve au coin de deux rues extrêmement passantes à moins de 500m du centre-ville.

Après avoir parlé au téléphone à mon propriétaire, je lui ai dit que j'allais défendre ma "nouvelle" cause auprès des dirigeants et des conseillers de la ville. Depuis novembre 2010, j'assiste aux séances du conseil de ville. J'aime assisté à l'assemblée, ça me rappelle mes rencontres à Montréal. Le maire et les conseillers ne me connaissent pas personnellement, ne savent pas mon nom, mais il me connaisse de vue. De plus, un des conseillers est le patron de l'amie de ma soeur et l'ancien, ancien chum (il me semble) de ma tante. Peut-être je pourrais avoir un rendez-vous. Je regarde le site web de la ville, la séance du conseil est le soir. Je décide d'y assister et d'y expliquer mon problème.

J'appelle le département de l'urbanisme de la ville. J'explique mon problème à celle qui me répond et elle m'avertit qu'on va me rappeler. On me rappelle. C'est l'inspecteur. Il m'explique que mon propriétaire est dans le tord. Que je dois absolument quitter l'appartement, qu'il n'est pas "légal". De plus, il m'avertit qu'il y a tant de paperasses à remplir, de règlement à corriger que je ne pourrai pas réintégrer mon logement pendant 4 au maximum 5 mois si tout va bien. Les vacances d'été s'en viennent. Il y aura encore moins de fonctionnaires sur les dossiers. Il me donne des pires nouvelles que mon propriétaire. Mon propriétaire ne le savait pas. Il est catégorique, aucune solution, aucun compromis n'est possible. La loi, c'est la loi. Je lui dit donc que je vais demander aux conseillers de la ville. Il ne s'y oppose pas.

Je rappelle mon propriétaire. Lui dit que c'est encore pire que son 2 semaines. 5 mois. Il me fait part qu'il n'a jamais été capable d'avoir des bonnes nouvelles avec la ville. Je lui suggère de venir avec moi au conseil. Il ne peut pas ce soir.

Mes clients m'appellent, me demande des modifications, me demande des conseils. J'ai pas trop la tête à ça. Je me concentre sur ce que je dois faire ce soir. J'essaie de remettre le tout plus tard. Quelqu'un me suggère de parler de ça à J.E. J'aimerais pas trop ce genre de publicité. Je veux seulement rester dans mon logement, ne pas déménager, ne pas faire de changement d'adresse. J'avais promis d'aller aider au karaté, pour le cours des juniors. J'y vais me changer les idées. Je reviens chez nous, je soupe, j'étudie comme d'habitude l'ordre du jour.

Arriver à la salle du conseil, j'attends qu'on ouvre la porte. Le caméra-man du canal Vox est là aujourd'hui. Il entre. Après une petite attente, je m'aperçois que c'est ouvert. La séance commence avec la minute de silence. Selon l'ordre du jour, la séance sera longue. Il y a tellement de points. Après environ 1h30 ou 1h45 des décisions du conseil, la deuxième période de question est ouverte. C'est la période de question pour les points qui ne sont pas à l'ordre du jour: les demandes des citoyens. Parfois, je me demande si elle est à la fin pour endormir les citoyens. C'était long, le maire et les conseillers sont fatigués. Une première personne qui avait attendu comme moi, fait par de sa question. Il se demande pourquoi sont projet n'a pas été à l'ordre du jour, sa date limite était aujourd'hui. Le maire répond qu'il ne l'est pas encore. Que le bureau d'urbanisme ne lui a pas transmis. Il ne peut rien faire d'autre. Il quitte la séance. Enfin, c'est à mon tour. Je me présente, dit mon nom, indique que mon parcours. Je suis né à Mont-Laurier, étudié à Mont-Laurier, fait mes études à Montréal, revenu depuis peu à Mont-Laurier, ingénieur logiciel. J'explique mon histoire, le problème qui m'est tombé dessus ce matin, mes discussions avec le propriétaire, avec l'inspecteur, mes problèmes pour avoir les services (électricité, internet, changement d'adresse) dans mon appartement, l'argent que je vais perdre si je ne peut pas travailler, le délai trop court de deux semaines pour me dédommager. Il m'explique que le propriétaire est dans le tord, qu'ils sont bien désolé pour moi. Je leur explique que j'aimerais trouver un compromis, une solution pour ne pas déménager. Je leur propose une solution qui me semble évidente. Puisqu'un inspecteur est venu chez moi et a conclu que c'est sécuritaire, puisque mon propriétaire m'offre la possibilité de déménager dans un autre appartement libre depuis le 1er avril, puisqu'il y a 16 locataires présentement et puisque la zone limite le nombre de logements à 16, une solution s'impose. Je demande qu'il me laisse rester dans mon appartement et qu'il interdise à mon propriétaire de louer un autre logement tant que le zonage n'est pas modifié. 16 locataires dans 16 logements. 3 logements inhabités tant que le dossier ne se règle pas. Le directeur général pense que c'est une bonne idée, indique qu'il va en parler avec le procureur de la ville, me demande mon numéro de téléphone et qu'ils vont faire des démarches pour régler mon problème le plus tôt possible. Je reviens chez nous, j'explique la réunion à ma soeur, je regarde la télévision pour me changer les idées. Je dors.

Je me réveille aujourd'hui, assez tard, inquiet. Ma soeur me demande d'aller dîner au restaurant. J'y vais, on discute de nos problèmes. De retour, je recommence à travailler. Mon propriétaire m'appelle. Il m'indique qu'il a reçu une télécopie (un fax) de la ville. Ma proposition a été acceptée. Je peux rester dans mon appartement, il ne peut pas louer plus que 16 appartements, il doit respecter le 16 locataires/16 logements. Il est vraiment étonné que j'ai pu résoudre ce problème en une journée. Je le remercie de la bonne nouvelle. C'est enfin fini. Je suis soulagé. Cependant, je doute bien que je vais avoir d'autres problèmes avec ce logement un peu plus tard. Mais j'espère que ce ne sera pas avec un délai de 2 semaines et espérons que ce ne soit pas cette année.


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  • Pierre-Luc Beaudoin (2010-04-14 05:25:37) #89 (Répondre)
    Beau travail :) J'aime la manière dont du d'écrit la péripétie: un peu comme si tu étais étranger à ce monde. Dans le fond, interagir avec le conseil municipal (ou la politique municipale) était probablement une première pour toi.

    Ta solution est idéale: moins de monde dérangé. Par contre, tu es chanceux qu'il y ait eu 3 appartements de libres!

    Ce qui m'étonne dans cette histoire, c'est le temps qu'a prit la ville pour réaliser que ton loyer était illégal.
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