Répéter

Par yansanmo

2011-06-04 13:43:14

Quand on est jeune, on apprend principalement en imitant les autres. On répète maladroitement les gestes de nos parents, de nos frères et soeurs. Avec le temps, on devient expert pour imiter les autres. On parle avec les mêmes intonations, les mêmes tournures de phrase et on développe les mêmes tics. Si on le fait à l'extrême, ça devient très déplaisant pour les autres, par exemple, lors du jeux "je répète exactement ce que tu dis". Par exemple, lors du jeux "je répète ce que tu dis". Ça se termine généralement par un "Je suis stupide" qui sera répondu par l'imitateur par un "Je suis stupide" pour continuer le jeu ou par "Tu es stupide" ou "Je le savais" pour arrêter le jeu.

À l'école, on apprend à reproduire les lettres à l'aide de gabarit de lettres. On utilise des lettres en pointillé qu'il faut complété, ensuite, on les retraces une dizaine de fois sans les pointillés. Puis on fait la même chose pour les mots, et les phrases, et finalement, les idées des autres. Si on pousse à l'extrême, on devient un acteur, un imitateur ou encore un homme-machine qui ne pense pas mais qui répète machinalement un geste. On gagne de la vitesse en répétant souvent un mouvement, et la vitesse, c'est bon pour la production industrialisée. L'imitation est recherchée dans nos sociétés. Elle est à la base d'une langue commune, de moeurs communs, des codes de la route, des lois. Il faut en effet répété les mêmes mots, avoir les mêmes expériences, suivre les mêmes chemins, respecter les mêmes règlements. Lorsqu'un groupe d'individu fait différemment, ils deviennent des étrangers. On se demande pourquoi ils n'ont pas les mêmes valeurs, les mêmes traditions, les mêmes coutumes. La production de masse et les médias encouragent l'imitation des autres et la répétition. «Venez tous à notre super vente». «Vous méritez tous notre produit». «Vous avez tous besoin de la même chose car vous vivez les mêmes problèmes». «Buvez notre boisson à tous les jours». «Venez voir nos offres à chaque semaine». Il pousse même la farce à nous dire d'être différent comme les autres.

Le piège avec cette répétition à outrance est la banalisation des différences. La différence peut être selon la taille, la personnalité, la position géographique. Chaque humain a besoin de manger, de dormir, de bouger, d'apprendre, d'aimer, etc. Cependant, on ne peut pas manger la même chose partout sur la planète, on ne peut pas dormir dans la même grandeur de lit. On ne peut pas dormir le même nombre d'heures de sommeils à la même heure tous les jours. On ne peut pas faire le même sport.

La dégradation du Web

Je crois qu'il y a eu une dégradation du Web suite aux répétitions générées par les scripts et les humains. Les scripts permettent de copier du contenu sur des dizaines de sites. D'utiliser un contenant des milliers de fois. D'afficher de l'information de la même façon des millions de fois. Ils génèrent des recherches qui seront trouvées par d'autres outils de recherches. Ils créent un sentiment d'abondances d'information avec une seule donnée, un océan avec une goutte d'eau.

La dégradation se fait aussi par les utilisateurs. Les scripts comme addthis, like, +1 accélère la répétition en créant des faux messages.

[opinion incertaine] Je ne comprends pas encore la manie des gens sur identi.ca ou twitter à répéter des messages ou à ajouter des liens de ce qu'ils lisent sur le Web. En fait, je ne comprends pas la pertinence de l'ajouter sur un tel service. Je suis venu à considérer comme du "spam" ou comme un mauvais message tout affichage de contenu qui ne provient pas de la personne ou qui pourrait être publié par la personne qui a produit le contenu. J'ai encore une opinion partagée sur ce comportement car je le fais d'une certaine manière mais en utilisant d'autres canaux de diffusion. Voici des exemples de la subtilité:

  • Un organisme annonce sur twitter qu'il organisera un évènement pour ramasser des dons. Ici le producteur (organisateur) communique sa propre nouvelle, c'est lui qui a décidé d'organiser l'évènement. Je considère le message comme légitime.
  • Un journal répète la nouvelle sur son fil twitter (sans indiquer la source du premier message). Il s'agit d'une répétition d'un annonceur. Les journaux sont spécialisés dans la répétition de contenu. Anciennement, l'organisme n'avait pas accès au journal directement, l'article dans le journal était donc la première source publique du message. Maintenant, le média est accessible pour les deux. Le message n'est plus la première source publique sur ce média.
  • Un abonné twitter du journal trouve la nouvelle intéressante et répète le message du journal. Il s'agit de la deuxième répétition sur le même média.
  • ... imitation des abonnés de l'abonné ...

Si on suit l'organisme, le journal et l'abonné du journal, alors on va avoir trois fois une seule information. Est-ce que l'information est plus importante parce qu'on la reçoit trois fois? Non. Est-ce qu'on va plus s'en souvenir. Oui. Si on recherche la nouveauté ou qu'on se lasse des répétitions, on va trouver que l'information est vieille à la troisième fois et on va s'en désintéresser.

Une autre situation que je n'aime pas sur les réseaux sociaux est le partage des liens Web. Je lis l'article X.html de l'auteur Y, je l'aime et je crée un message disant que j'ai lu et que j'aime l'article X.html. Ce n'est pas très différent de dire "j'ai regardé tel film au cinéma en fin de semaine" à une personne. Le principal problème avec ce type de message est que généralement la personne s'arrête à copier le lien et ne pas ajouter d'opinion constructive. J'aime/J'aime pas/Je lis/J'ai vu ne sont pas des opinions constructives. Ce sont soit un vague sentiment imprécis ou soit une action. Tout aussi bien dire « J'ai vu mon téléphone sur ma table » ou « Ma pomme était verte ce matin ».

[/opinion incertaine].

Oui, mais tu répètes les autres

Oui, je répètes les informations des autres, par exemple sur mon bottin d'entreprises. Oui, j'ai péché, je fais ce que je n'aime pas. Oui et non. Quelle est la différence.

Prenons par exemple mon bottin d'entreprise et liste d'évènements. La majorité des entreprises de Mont-Laurier provenaient du site Web de Mont-Laurier et des journaux locaux. Ces données sont sur Internet et une recherche avec Google devrait donc trouver des copies sur le même média (Internet). De plus, il y a aussi l'information sur le site de l'entreprise, sur le registre des entreprises du Québec et l'information sur Canada411 (pages jaunes). Quelle est donc la différence entre ma copie et une copie de message sur twitter (ou un retweet)? Et bien, la différence c'est le traitement de l'information et la disponibilité. Une des raisons pour laquelle j'ai fait le bottin d'entreprise est qu'il était extrêmement difficile pour moi d'avoir des informations récentes et regroupées sur une entreprise.

  • Sur le site Web de Mont-Laurier, on doit demander par courriel d'ajouter des entreprises. Il n'y a pas de personnes responsables de valider les informations à chaque semaine. Les entreprises qui n'existent plus ne sont pas enlevées. Les informations ne sont donc pas à jour si on ne le demande pas. Exemple: le Café-Coop Solime-Alix qui a fermé en 2010 est encore affiché dans leur bottin. Mon adresse d'entreprise est celle d'il y a trois ans car je n'ai pas demandé de changement.
  • Sur le registre des entreprises, l'information est généralement mis à jour lors des déclarations annuelles. Il n'y a pas de numéro de téléphone, de site Web, d'évènements, de liste de contacts (outre les propriétaires ou associées) et l'adresse est souvent celle du propriétaire (maison). Le registre des entreprises est fermé au moteur de recherches et on ne peut pas faire de recherche par ville ou rue.
  • Sur Canada411, le service fait payé les entreprises pour de la publicité et de l'affichage. Les nouvelles entreprises ne sont pas automatiquement ajoutées (la mienne n'y est pas). Il y a donc une priorité selon des forfaits. L'information est selon moi mise à jour à chaque renouvellement des forfaits. Peut-être une fois par année dans certains cas.
  • Sur les sites Web des entreprises, ils font souvent affaires avec des firmes de conception de site Web et allouent un budget pour leur site. Ensuite, ils ne peuvent pas le modifier. Ils vont allouer un budget pour de la publicité à la radio, dans les journaux, dans les commandites d'évènements mais ne vont pas modifier leur site. Dans la région, il y a beaucoup de sites d'entreprises qui ont été mis à jour il y a des années.
  • Sur le site des journaux, le gros problème est la technologie utilisée. L'écho et le choix utilise la technologie "Flash". Le Courant utilise "Flash" et des images "png". On ne donc pas rechercher ces sites avec un moteur de recherches. Il n'y a pas de listes d'évènements ou de listes d'entreprises, seulement des pages avec des images et parfois du textes pour certains reportages. Personnellement, je n'ai pas flash (mais gnash) et je ne peux pas consulter l'écho et le choix en ligne.

Est-ce que je répète l'information? Oui, mais je la modifie à chaque semaine (presque) avec toutes les sources que je trouve. De plus, je n'ai pas d'images, de Flash ou de blocage de moteurs de recherche. L'information est disponible en tout temps, souvent la plus à jours sur Internet. C'est donc un agrégat d'informations qui ne se retrouve pas ailleurs et non pas une copie ou une recherche scriptée. La seule source plus fiable pour certaine entreprise est d'après moi les pages sur maintenue sur Facebook. Cependant, l'utilisation de Facebook par les entreprises est encore timide et limitée dans ma région.

Oui, mais tu copies des liens

Je dis que je n'aime pas les copies de lien sur twitter mais je copie des liens sur mon site Web. La différence est le média et la diffusion. Lorsque quelqu'un copie un lien sur twitter ou identi.ca, la personne me force à lire le lien comme si c'était un message provenant de l'auteur. Je ne suis pas obligé de cliquer sur le lien, mais je suis obliger de le voir pour un instant pour me permettre de lire les autres messages. Le lien apparaît automatiquement dans mon interface de lecture. Sur un site Web, la diffusion est différente. Les liens sont classés par sujet, généralement pour ajouter des informations supplémentaires à du contenu écrit par l'auteur du site. Ce n'est pas le message, c'est un complément. Lorsque je lis sur un article sur le PHP, je m'attends que la page parle de PHP du point de vue de l'auteur et peut-être indiquer l'endroit où les informations ont été prises. Le lien permet d'en savoir plus sur un sujet. «Si tu veux en savoir plus sur ce sujet ou si tu n'es pas certain de ce que je dis, tu peux vérifier sur tel site.» Sur twitter, facebook ou avec les +1, il n'y a pas de mise en contexte. Le seul contexte, c'est "Je viens de lire ça", "J'ai aimé lire cet article". Ce que je veux lire d'une personne, c'est son opinion et ses idées, c'est: «Je viens de produire un article sur tel sujet en réaction à tel article», «J'ai fait telle action suite à telle nouvelle». «Cet article m'a touché parce que...»


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