Tard le soir, après une journée de travail, je descend du métro, à la station Jean-Talon, pour prendre la ligne bleue. Peu de gens comparativement à l'heure de pointe, quelques personnes âgés, travailleurs fatigués et des adolescents qui se préparent à sortir. Une femme sort du même métro, on se regarde un léger instant. Je retourne mon regard vers le centre de la passerelle, mais une étincelle de curiosité jaillie. La fatigue me dit de baisser le regard et la tête pour descendre jusqu'au quai de la ligne bleue. Mais quelques choses m'attire vers elle. Je la regarde de nouveau, elle me regarde de nouveau. Nous nous dirigeons dans la même direction. Nous descendons les marches de l'escalier roulant, deux à deux, bloquant tous les autres, sans dire un mot, côte à côte, sans aucun contact. Je sens son odeur parfumé. Le métro de la ligne bleue arrive. Le wagon est presque vide. Elle s'assis sur un banc, je m'assis auprès d'elle. Je sais. Je lui prend le main, enlaçant mes doigts avec les siens. Elle me regarde un peu surprise, soudainement, mais elle sait et me souri. Arrivés à notre station, elle me demande si j'ai faim, avec une voix douce et étrangement familière. J'acquiece. Dehors, nous recherchons rapidement un petit resto. Sans poser de questions, nous trouvons le plus proche et nous y allons. Rendu au petit resto, nous commençons à parler comme si nous étions les plus vieux amis au monde. Ça fait tellement longtemps qu'on attendait de se voir pour la première fois. Et puis, mes craintes et mon image s'envolent. Nous sommes enfin libres.
Mon rêve de ce matin, léger comme un nuage, et qui s'est interrompu trop rapidement, en pleine discussion au restaurant. Il m'a fait plus de bien qu'un éclat de rire après une semaine de dépression. Et puis j'ai eu envie de jouer de la guitare...