Choisir son futur

Par yansanmo

2011-06-12 12:22:32

J'écoutais «Retour vers le Futur II» hier et je me suis rappelé comment la série de films m'avaient marqué quand j'étais jeune. Ils m'ont ajouté une crainte constante que j'ai encore maintenant. Un des spectacles de Martin Petit portait sur la même chose: les choix. Chaque choix qu'on fait entraîne des conséquences qui vont influencer profondément notre vie. C'est aussi la même peur qu'inspire le phénomène du battement d'ailes d'un papillon au brésil qui crée un ouragan dans l'océan atlantique, un petit geste provoque d'énormes conséquences. C'est d'ailleurs pourquoi j'ai jamais aimé les livres dont vous être le héros. Vous faites des dizaines de choix, pas nécessairement ceux de l'auteur et le livre s'arrête après 5 à 10 minutes. Il me semble que puisque je n'ai pas l'esprit constamment occupé par un emploi ou une famille, je fais trop souvent face à cette peur du choix. Pour calmer cette peur on peut utiliser des stratégies tel le déni de choix, le choix selon un guide ou une ligne de pensée, le choix répétitif. Lorsqu'on fait le choix, j'ai toujours un sentiment que j'ai passé à côté de quelques choses et bien attendu, c'est vrai.

Très jeune, j'ai commencé à utiliser la technique du déni de choix. La technique est simple, on fait le choix conscient d'utiliser l'option qui bloque le plus de choix par la suite. Le premier choix que j'ai fait est celui de ne pas consommer d'alcool et de drogues. Puisqu'on fait ce choix, à chaque fois que quelqu'un nous propose ou non de l'alcool, on ne fait que réutiliser notre premier choix et dire non. On n'a pas à choisir si on boit du vin, de la bière ou du fort. On ne doit pas vérifier combien de verres on peut prendre pour être capable de retourner chez nous. Par contre, ce choix entraîne la désagréable situation de voir nos proches dans un état second où ils ne sont pas drôles, parfois déplaisants et souvent fatigants. Ils ne vont se souvenir que de peu de choses de leur soirée. Vous, par contre, vous aller vous en rappeler...

Le deuxième gros choix que j'ai fait est celui de ne pas manger de viandes et d'oeufs. En terme de déni de choix, il en enlève une tonne. Si vous prenez le nombre d'articles dans une épicerie ou le nombre d'option dans un menu de restaurant, le nombre de choix diminue de 40% à 75% à mon avis. Pour les recettes, c'est la même chose. Pour les grandes occasions, vous êtes mieux de manger chez vous avant d'y aller. C'est un choix anti-social, ici, au Québec. J'en souffrirais beaucoup moins si j'étais dans un pays où ce choix est plus généralisé, par exemple en Inde.

Un autre choix que j'ai fait est celui de ne pas apprendre à conduire ou plutôt de ne pas avoir de permis. On perd le choix de choisir une automobile, de sa couleur, des pneus, d'aller ou pas acheter de l'essence parce qu'elle peut être 10¢ plus élevée le lendemain, le choix de la compagnie d'assurances, d'aller reconduire quelqu'un ou pas, le choix de voyager loin. Ce choix réduit aussi où vous pouvez vivre. Vous ne pouvez pas vivre très loin des services comme les épiceries, les pharmacies, la poste, les centres de loisirs. On perd aussi des soucis: les embouteillages, le stress de se faire couper, le stationnement, l'augmentation du prix de l'essence, le changement de pneus pour l'hiver, le déneigement, les réparations au garage, etc.

La deuxième technique qu'on peut utiliser est celle de suivre un guide ou d'écouter un supérieur. Si votre patron prends toutes vos décisions, alors vous n'êtes qu'un automate, un robot programmé qui effectue des tâches. Vous n'avez pas vraiment de personnalité. Vous pouvez aussi vous limiter selon une ligne de pensée et des valeurs. Par exemple, j'ai choisi d'être près de ma famille. Par conséquence, je ne travaille plus à Montréal, je préfère aller aider ma soeur ou mon père que de travailler. Si toute ma famille devrait déménager en ville, je devrais les suivre pour être en accord avec cette valeur.

On peut aussi faire des choix répétitifs. Je compare souvent ça au fait de tourner toujours à droite sur la route. C'est la technique pour se sortir d'un labyrinthe. Allez toujours dans la même direction. On peut le faire avec ses propres décisions. Par exemple, vous choisissez d'aller à toutes les occasions sociales qui se présente. Samedi soir, vous avez un super film à la télévision et votre ami vous invite à un concert, vous choisissez le concert. Vous avez le choix de vous reposer après une longue journée ou d'aller suivre des cours (danse, sport, perfectionnement) ? Vous allez aux cours. On peut aussi faire la même chose avec les achats, par exemple en choisissant toujours le moins cher, le plus cher, le plus proche, etc...

Finalement, suite aux choix, il y a les conséquences. Et ensuite vient les regrets. Si j'avais fait tel autre choix. J'ai toujours la vague impression que je passe à côté d'occasions (petite voix interne: c'est par ce que tu passes à côté des occasions...). Je pense toujours à ces films d'amour où tu vois le gars et la fille au début du film qui sont à deux cheveux de se voir à de multiples occasions, parce qu'ils vivent dans le même quartier, ont un ami en commun, ont été à la même école et qui se ratent toujours parce que le gars et la fille prennent toujours le même chemin, dans des directions opposées ou encore que l'ami en commun ne parle jamais des deux. Après 30 à 40 minutes, on voit la première fois qu'il se voit et là paff! coup de foudre. Ils se rendent compte qu'ils ont plein de points en commun et se demandent pourquoi ils ne sont jamais rencontré avant. Oui, pourquoi ils ne sont jamais rencontré? C'est exactement ce phénomène qui m'angoisse. Est-ce que je rate le grand amour parce que je fais toujours les mêmes choix. Est-ce que je pourrais être amoureux de ma voisine mais puisque je ne l'ai jamais rencontré, parce qu'elle utilise la porte d'en arrière et moi celle d'en avant du bloc appartement, je ne l'ai jamais vu. Si on a choisit d'habiter dans le même immeuble, dans le même quartier, dans la même ville, on a sûrement des points en commun. Est-ce que je ne la vois pas parce qu'elle suit des cours le mardi, et les miens sont le mercredi? Est-ce que j'ai raté l'occasion de la connaître parce que je n'ai pas été à un souper suite à un empêchement de dernières minutes, parce que j'étais fatigué ce soir là suite à une longue journée de travail?

Pour combattre cette peur de manquer des occasions, parfois je fais des choix contraires aux habitudes. Je décide de passer par la porte d'en arrière, même si ça me rallonge. Je décide d'aller à une rencontre même si j'avais un cours de prévu. Je ne fais pas mon épicerie le même jour ou la même heure. Je décide de prendre des marches ou du vélo de façon imprévisible, sur des coups de tête. Je décide d'être de nouveau sur Facebook, sur Twitter, sur Identi.ca. Et si je brassais assez les cartes pour ne pas manquer l'occasion.


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  • Catherine (2011-06-14 00:40:33) #104 (Répondre)
    Il ne faut pas avoir peur; la vie est beaucoup trop grande pour ne pas en échapper une de temps à autre ;)
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